Le tabou de la fausse couche
Bien que la fausse couche soit un arrêt de grossesse naturel et fréquent, cet événement est entouré de silence. C’est un drame caché, une douleur étouffée. Il n’est pas rare de découvrir que certains proches ont traversé cette épreuve seulement lorsque vous y faites face également. Pourquoi tant de silence?
La fausse couche renvoie au tabou de la mort et de la sexualité. Elle amène également beaucoup d’émotions difficiles telle que la honte, la culpabilité, la tristesse, la déception, la peur, la colère.
Ce dont vous avez besoin
Reconnaitre votre deuil
Parler de votre enfant
Exprimer vos émotions
Vous reconstruire à votre rythme
Demander/accepter de l’aide
Ce dont vous n’avez pas besoin
Minimiser le drame
Passer votre enfant sous silence
Refouler vos émotions
Comparer les chemins de deuil
Refuser de l'aide
Faire le deuil
Comment faire le deuil d’un enfant qui n’est pas né? D’un bébé qui a principalement existé dans votre coeur, dans votre imagination et vos attentes? Chaque personne traverse son deuil à sa façon mais voici quelques idées pour déposer le poids de votre chagrin…
Créer une boîte pour y déposer
Les échographies s’il y en a eu
Tout objet qui vous ramène à votre enfant perdu. Par exemple le premier doudou acheté.
Son prénom écrit sur une feuille, sur une pierre, gravé dans une pièce de bois,…
Une lettre ou un mot que vous avez écrit à votre bébé pour lui dire au revoir
Faire une cérémonie
Avec votre partenaire ou seul(e), choisissez un endroit que vous aimez (en forêt, dans votre jardin, dans votre salon, au bord d’un étang, dans un lieu de culte,…) pour dire au revoir à votre bébé. Allumez une bougie, reprenez les éléments que vous avez déposés dans la boîte, dites un petit mot et exprimez vos émotions si vous le souhaitez. Vous pouvez enterrer cette boîte, la brûler ou la garder précieusement dans une armoire ou sur un meuble.
En parler aux proches de confiance
Ce n’est pas facile d’en parler autour de soi. On peut se retrouver face à des paroles qui se veulent réconfortantes mais qui sont maladroites. Comme « Vous en ferez d’autres », « La nature est bien faite », « Ce n’était pas un vrai bébé », « Ça aurait pu être pire »,…
Si quelqu’un se confie à vous à ce sujet dites plutôt :
« Ce n’est pas ta faute », « Tu n’es pas seul(e) », « Je comprends que tu souffres »,…
Garder en tête que
Vous avez le droit de parler de cet enfant
Vous avez le droit d’utiliser son prénom pour parler de lui
Vous avez le droit de vous sentir triste le jour de l’anniversaire de sa perte
Vous avez le droit de ne pas encore avoir surmonté cette épreuve même des années après et même si vous êtes maintenant parent d’un autre enfant
Autour du(de la) partenaire
Lorsqu’un couple fait face à une fausse couche, la personne non enceinte endosse souvent le rôle de consolateur. Elle est l’épaule solide, la présence infaillible, celle qui rassure et qui relativise, qui donne l’impression de vite passer à autre chose. Pourtant, bien qu’il n’ait pas vécu la fausse couche dans sa chair, ce partenaire ressent également de la souffrance et a besoin de déposer le poids de sa tristesse.
Martin nous raconte…
«Malheureusement même si nous ne portons pas l'enfant nous subissons aussi la tristesse qu'amène une fausse couche. Mon amie et moi venons de subir cela. N’ayant jamais vécu une telle situation nous étions perdus autant l'un que l'autre. Ma compagne a été aiguillée, renseignée et supportée par nos familles, ses amies, notre gynécologue et tous les témoignages que l'on a pu lire sur le web à ce sujet. En ce qui me concerne, rien ni personne ne m’a aidé à trouver la bonne conduite à tenir. J'ai fait ce que j'ai pu, j'ai apporté à mon amie tout l'amour, la tendresse et le soutien qu'il m'était permis de lui donner. J'ai laissé de côté ma tristesse, ma colère, ma fierté et mes petits problèmes pour pouvoir la soutenir complètement. Cela nous a beaucoup rapprochés et m’a aussi permis de comprendre l’épreuve qu’elle a vécue. J'ai pu toucher du doigt le rôle de père. J ai compris qu'un père est plus que la personne qui seconde la mère, qu'on est loin de l’idée que peuvent se faire certains hommes en pensant que tout ce qui est lié à la maternité n'est qu'un souci féminin auquel nous sommes conviés de loin. Je me suis rendu compte de l’importance du partenaire dans ces moments là, de l'importance de notre place dans la mesure où l'on accepte de l'endosser. Cependant, ma peine et mon deuil que j’ai camouflés et refoulés sont toujours là au fond de moi. Je n’ai pas eu l’occasion de m’exprimer sur ce sujet tabou, sur la perte de mon bébé. Ma souffrance paraissait illégitime face à la détresse de ma femme et pourtant, maintenant j’ai besoin de m’exprimer. »
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